Tout commença lors de mon année de 3ème, il y a déjà 8 ans. Je regardais M6 Kid, avec ma soeur jumelle, histoire de passer le temps et de sortir des troubles du collège et de la vie quotidienne (révisions, eczéma, problèmes d'image...)
Après un ou deux dessins animés, ma soeur et moi voyons arriver l'annonce du premier épiosde Yu-Gi-Oh! avant la pause publicitaire. Faisant partie de la génération audiovisuelle des minikeums et du Club Dorothée, notre enfance a été bercée par de nombreux mangas tels que Saint Seiya, Dragon Ball Z, Sailor Moon, La Vision d'Escaflowne et Sakura. Nous pensons donc nous retrouver devant un héros au design de gothique combattant des monstres à coups de sorts.
Nous commençons à en discuter, quand la page de publicité se tourne pour laisser place à l'animé en question. La simple écoute du générique nous donne immédiatement l'envie de zapper. Malgré tout, faisant la comparaison avec ceux de Bernard Minet, nous décidons de laisser une chance au manga et commençons à la regarder.
Découvrant le principe du manga, je me rends compte que ce n'est qu'une vitrine pour un jeu de cartes, une histoire comme celle des pokémons destinée à faire la promotion de produits dérivés du même nom. Toutefois, je trouve le héros sympathique et me dis, qu'en comparaison avec les devoirs de mathèmatiques qui m'attendent, visionner cet animé peut avoir un certain intérêt. Pas tout à fait convaincu à la fin de l'épisode, je décide d'attendre celui de la semaine suivante afin de lui donner une chance.
Malgré ce premier contact plutôt froid, je commence à apprécier le principe du manga. L'année passe, j'obtiens mon brevet des collèges et me retrouve en seconde. Je me fais de nouveaux amis et je découvre que certains d'entre eux suivent également le manga et possède des cartes. Ayant acheté le jeu vidéo sorti sur playstation 1, j'en discute avec eux et l'un d'eux me propose de me donner une carte pour commencer ma collection. Cette carte est celle d'un personnage qui me sort légèrement par les yeux mais dont j'apprécie le style de jeu. C'est Dame harpie. Je l'accepte avec plaisir et le remercie de sa gentillesse. Sa réponse me parut assez évidente:
"Ce n'est rien. Ne t'inquiète pas. Cette carte est faible et ne me sert pas. Par contre, son design est très sympa et je comprends qu'elle te plaise espèce de vieux pervers ^^."
Amusé et désireux de participer à leurs duels, j'achète quelques boosters et un deck de démarrage Yugi évolution, après avoir légèrement manipulé ma mère qui est plus que réfractaire à ce genre de choses(ce qui ne fut pas chose facile, vous pouvez me croire). A l'époque, les questions de métagame, de limitations ne nous intéressent que très peu. Notre seule préoccupation est de nous amuser. Puis nous intégrons les ban lists pour entrer en conformité et je prends vite le parti de prouver à mes amis que la carte qu'ils m'ont donnée et l'archétype correspondant sont utiles. Le succès est plus ou moins au rendez-vous mais l'année de terminale. s'annonce. Notre lycée est un établissement privé qui prône la réussite comme une fin à atteindre par tous les moyens.
Nous commençons à délaisser les cartes pour les révisions et obtenons notre diplôme. Les années passent et après deux ans sans avoir touché la moindre carte Yu-Gi-Oh!et un petit passage plutôt agréable par Magic, je me tourne de nouveau vers Yu-Gi-Oh!, ressors mon vieux deck harpies et, n'ayant pas envie de jeter des milles et des cents dans des boûts de carton un peu trop chers à mon goût comparé aux cartes magic, télécharge YVB. Je découvre alors le gouffre qui s'est creusé depuis la dernière fois que mes doigts ont touché un deck. Pour compenser mes lacunes, je m'inscris sur plusieurs forums, dont un appelé l'Académie du Miroir. Nous sommes à la fin de ma deuxième année de BTS et je suis bien décidé à faire revenir les harpies sur le devant de la scène. Un magasin de Béthune, Startoys80 laisse des tables à diposition et permet aux joueurs de s'amuser librement tant que ça ne dégénère pas. J'apprends, j'écoute les conseils et finit par aider les autres pour leurs decks sans parvenir à améliorer réellement le mien. Le magasin ferme quelques mois plus tard.
Vient le moment où une membre du forum que j'ai cité vient passer quelques jours chez moi. Elle m'intrigue plus qu'elle ne m'attire. A peine arrivée à l'appartement, elle ouvre sa valise. Je découvre alors la vraie signification du mot Otaku. Une collection de cartes digne d'un magasin spécialisé s'étend devant mes yeux. Je n'en reviens pas; des mangas de toutes sortes sont étalés de manière éparse dans la chambre que je lui ai prêtée pour l'occasion. La semaine se passe, nous faisons quelques duels, discutons, nous découvrons (bien que je ne me présente pas à elle sous mon vrai jour, trop intigré par son comportement). Les semaines qui suivent voient mes premiers pas à l'université, lors de ma troisième année de licence, à Boulogne sur Mer.
Le jeu Yu-Gi-Oh! commence à me lacer, je ne retrouve pas le plaisir que j'éprouvais en y jouant avec mes amis au lycée. C'est alors j'apprends que le magasin où je me procure mes mangas et mes cartes organise des tournois. Je m'y rends pour tester un peu l'ambiance et mon deck. J'en surprends plus d'un avec mes harpies et leur maniabilité mais ne peut qu'avouer ma défaite face à un métagame déjà présent. Les mois passent, je me fais des connaissances lors des tournois, parviens à me hisser juste derrière les métagamers sans jamais parvenir à les surpasser. L'académie du miroir finit par voir sa fréquentation baisser de plus en plus malgré une relance et un design refondu. J'aborde ma première année de master CCA et me prépare pour le concours de la Banque de France. Mes harpies sont mises au placard et je me plonge dans les révisions pour ne pas rater l'occasion d'entrer dans la maison. J'ai orienté toutes mes études depuis la première ES pour y entrer, sacrifié ma vie privée pour mes études et acquérir un niveau qui puisse me permettre d'atteindre mes objectifs. Voilà pourquoi le jour venu, je n'en mène vraiment pas large. A la fin des épreuves, je me sens plus ou moins serein. En attendant les résultats, je reprends le cours de ma vie d'étudiant, tentant d'aller dans les soirées où je m'ennuie plus qu'autre chose, découvrant l'état des personnes après des beuveries et me jure de ne jamais me saouler. Vient le mois de Novembre 2009, j'apprends que je sui sélectionné pour passer l'oral. Ravi de cette nouvelle, je me rends à la preview stardust overdrive le coeur léger et la remporte après une lutte acharnée.
Mon univers commence alors à s'effondrer. J'apprends qu'il me faut faire un choix entre le concours de la banque de france et une épreuve de droit qui se déroule le même jour. Je décide de me rendre à Paris, après avoir sacrifié mes révisions du premier semestre pour me remettre au point sur toutes les questions que l'on pourrait me poser. Je prends mes harpies avec moi et tente de me détendre le soir précédant le grand jour.
Nous sommes Mardi, je redécouvre Paris après avoir pris les TGV avec ma mère. Nous nous présentons devant le bâtiment et entrons. Je sens le sol s'ouvrir sous mes pieds, je sombre dans un précipice et me rends compte du niveau des personnes en face de moi et de celles qui vont me juger. Je doute. Une fois dans la salle d'attente, je discute avec les candidats, me rends compte que pas mal sont d'un bon niveau mais particulièrement stressés. Je décide de détendre l'ambiance et réussis, par là même à reprendre confiance en mes capacités. L'entretien commence, les 3 jurés sont face à moi. Trois adversaire, trois personnes à convaincre et à emmener dans mon univers. J'en ressors confiant après un entretien parsemé de pièges, de provocation mais aussi de bonne humeur apparente et après avoir fait rire le jury.
La semaine qui suit, je stresse pour les résultats et perds contenance devant les épreuves des partiels...
Aujourd'hui, je tente encore de rendre les harpies compétitives tout en sachant qu'en juillet j'entre à la commission bancaire et que je risque à nouveau de m'éloigner du jeu sans avoir atteint l'objectif que je me suis fixé il y a déjà 6 ans et en continuant d'être pris pour un original par les metagamers et de nombreux autres joueurs, sans jamais retrouver le plaisir du jeu de mes années de lycée.
- Spoiler:
Bigres, ça vaut au moins l'autobiographie de Loana !